Projet CENSE (ici)- Caractérisation des environnements sonores urbains (article mis à jour au 26.11.2021)

A travers le développement de capteurs à bas coût, il semble aujourd’hui possible d’envisager une nouvelle génération d’outils de prévision du bruit, basée sur la mesure et sur la modélisation numérique. Ainsi, le projet CENSE, soutenu par l’ANR (appel à projet ANR-16-CE22), vise à établir une nouvelle méthodologie d’évaluation des environnements sonores, par une approche globale associant données libres, mesures et modélisations.

Le projet CENSE a été labellisé « Action Santé Environnement du PRSE3 de Bretagne » pour la durée de l’action.

Présentation vidéo

1) Origine du projet
Selon l’OMS, le bruit est la deuxième cause de morbidité, derrière la pollution atmosphérique, parmi les facteurs de risques environnementaux en Europe (réf rapport sur l’environnement en France – 2014).
La réglementation impose de produire des cartes de bruit. Elles sont basées sur la modélisation numérique qui calcule les nuisances sonores à partir des sources de bruit connues, mais les modèles sont souvent éloignés de la réalité et les sources de bruit mal répertoriées.
De plus les cartes de bruit ne tiennent compte que de critères physiques pour caractériser les nuisances. Ce n’est pas parce qu’un bruit est fort qu’il est automatiquement gênant. La perception humaine des nuisances sonores est complexe, à l’exemple du bruit insupportable de la goutte d’eau dans le lavabo ou de la moto qui va réveiller tout un quartier.

le projet CENSE a consisté à produire des cartes de bruit représentatives de sa perception. La technologie mise en place intègre la modélisation des données afin d’aller au-delà de la seule prise en compte de critères physique du bruit.

D’autres domaines comme la météo utilisent des approches qui fusionnent modèles et mesures. La nouveauté est d’appliquer ces approches dites d’assimilation de données à l’acoustique environnementale, ce qui n’existe pas aujourd’hui de manière opérationnelle. Il s’agit d’un sujet de développement dans le cadre plus large des « smart cities »

Journée d’échange « Données de la transition énergétique et écologique » Lorient, 17 sept 2019

2) Méthode proposée

– un réseau de capteurs de bruit installés sur le réseau d’éclairage public;
– un questionnaire envoyé aux résidents sur le lien ambiance extérieure / gêne sonore ;
– des enregistrements sonores réalisés par des piétons volontaires, pour mieux comprendre comment les passants apprécient les ambiances sonores au cours de leurs déplacements. Ce dernier point n’a pu être réalisé de part la crise sanitaire.

3) Les capteurs
Les données sont récoltées par un réseau de capteurs installés sur le réseau d’éclairage, qui est la colonne vertébrale du réseau de mesure du bruit: il alimente en énergie les capteurs installés directement sur les lampadaires, il sert aussi de relais de communication pour des capteurs sonores connectés en hertzien. L’utilisation de la transmission sans fil permet de distribuer de façon plus dense le réseau de capteurs sonores sur la ville.

Les données sont consultables sur le site https://rumeur-lorient.bruitparif.fr/levels

L’indice Harmonica

L’application HARMONICA rend les informations sur le bruit compréhensible par des non-initiés, en s’affranchissant des termes techniques. L’indice HARMONICA est compris entre 0 et 10, et proches du ressenti des populations. Plus la note est élevée et plus l’environnement sonore est dégradé. La représentation graphique de l’indice Harmonica comprend deux formes associées :

·     le rectangle représente le bruit de fond ;

·     le triangle représente les événements qui émergent du bruit de fond.

La couleur de l’indice (vert/orange/rouge) tient compte des périodes de la journée (diurne/nocturne) car la sensibilité au bruit la nuit est accrue : • vert lorsque l’indice est inférieur à 4 le jour ou à 3 la nuit : respect des objectifs de qualité de l’OMS (50 dB(A) en moyenne de jour, niveau à partir duquel l’OMS considère que le bruit est susceptible d’entraîner une gêne modérée, et 45 dB(A) en moyenne la nuit, niveau à partir duquel l’OMS considère que le bruit extérieur est susceptible de générer des perturbations du sommeil) ; • Orange lorsque l’indice se situe dans la plage 4 à 8 le jour ou 3 à 7 la nuit ; • rouge lorsque l’indice est supérieur ou égal à 8 le jour ou à 7 la nuit : des indices de 8 le jour ou de 7 la nuit peuvent être obtenus en présence de bruits constants de niveaux respectifs de 70 dB(A) et 65 dB(A)

En 2020, le bruit mesuré par les capteurs lorientais (https://rumeur-lorient.bruitparif.fr/main  ) est consultable sous diverses représentations. Exemple de lecture du bruit sur le capteur de la place de la poterie, près du Scorff, en données brutes et la traduction en indice harmonica.

Evolution en 2020 à Lorient

La baisse des activités et mobilités humaines due au confinement pendant la pandémie de Covid-19, appelée aussi anthropause, s’est traduite lors du 1er confinement par une diminution d’environ 6 dB(A) entre janvier et avril, ce qui correspond à une diminution de 75% des émissions sonores liées à la circulation routière.