Le Plan climat de Lorient
Le plan climat de la ville de Lorient
Adopté le 15 novembre 2013, le plan climat de la Ville de Lorient est consultable ici!
Le Plan climat Energie Territorial de la collectivité Ville de Lorient apporte des réponses concrètes concernant quatre grands enjeux découlant des problématiques énergie/climat auxquelles nos sociétés sont actuellement confrontées :
Factures énergétiques et maîtrise des budgets de fonctionnement : la poursuite du programme d’investissements est nécessaire pour la rénovation des bâtiments, de l’éclairage public. Il s’agit d’un enjeu particulièrement important pour une Ville comme Lorient, ville centre d’une agglomération. La qualité des politiques publiques menées par la Ville sera vraisemblablement impactée par une évolution trop brusque des budgets énergie, il convient donc d’anticiper ce problème, même si il est difficile d’anticiper précisément les rythmes d’évolution des prix de l’énergie.
Impact environnemental de l’action de la ville : il ne faut surtout pas négliger l’importance du facteur déplacements sur le territoire de la commune, qui représente plus de 50% de l’impact du fonctionnement de la municipalité. Cet enjeu est à croiser avec les politiques de planification urbaine, d’aménagement, de gestion de la voirie et, bien évidemment, de sensibilisation des Lorientais. Ce facteur déplacement est également particulièrement important à l’échelle de la commune.
Impact environnemental du bâtiment : à une échelle plus large encore, les consommations énergétiques des bâtiments, et donc les émissions associées de gaz à effet de serre, sont parmi les principales sources de vigilance sur le territoire de la commune. Les actions d’urbanisme sont d’une importance cruciale, dans ce qu’elles permettent comme production de nouveaux bâtiments de qualité renforcée mais également, et principalement, dans l’incitation à la mise en œuvre d’isolation et d’énergies renouvelables sur les bâtiments existants qui seront pour une grande part encore présents en 2050.
Modes de vie : l’impact environnemental de la consommation de produits manufacturés ainsi la culture de la mobilité des sociétés occidentales sont une problématique essentielle pour la lutte contre le changement climatique. Il s’agit de réflexions sociétales particulièrement complexes à mener, en ce sens qu’elles impactent profondément les modes de vie de chacun. Le Plan Climat de Lorient apporte sa contribution à ce grand chantier.
Quels sont les objectifs du plan climat?
Le Plan Climat nergie Territorial de la Ville de Lorient fixe deux séries d’objectifs:
– « 3×20% »sur le territoire de la ville: il s’agit de contribuer aux objectifs du plan climat d’agglomération et d’atteindre, sur le territoire, 20% de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, d’augmenter de 20% l’efficacité énergétique et de consommer 20% d’énergies renouvelables, à horizon 2020
– « 3×30% » sur le patrimoine municipal: il s’agit de diminuer de 30% des émissions de gaz à effet de serre, d’augmenter de 30% l’efficacité énergétique et de consommer sur le patrimoine 30% d’énergie renouvelables, à horizon 2020. Cet objectif, plus ambitieux que les objectifs européens, s’inscrit dans une volonté d’exemplarité de la Ville.
Concrètement, sur le patrimoine municipal, le mix énergétique devrait évoluer comme indiqué sur le graphique suivant:
L’atteinte de ces objectifs de réduction des consommations d’énergie aura des impacts très significatifs sur les émissions de CO2 liées au patrimoine municipal, divisant d’un facteur 2 le niveau des émissions de 1990:
Quelles sont les actions mises en oeuvre par le Plan Climat Energie Territorial?
Le Plan Climat de la ville de Lorient comporte environ 100 actions, dont 31 ont été retenues comme prioritaires: actions permettant des gains significatifs, actions symboliques permettant une forte mobilisation collective, etc.
Sécuriser l’approvisionnement en énergie de la Ville et limiter son impact environnemental.
De nombreux facteurs d’évolution des prix de l’énergie
Les évolutions actuelles des prix des énergies et les tendances de consommation du patrimoine laissent percevoir un risque de doublement de la facture d’énergie (en euros constants) de la ville sur la décennie 2010-2020. Ce risque de rapide évolution des prix de l’énergie fait également courir un risque aux habitants et aux entreprises du territoire communal.
Cette augmentation des prix de l’énergie se fait dans un contexte de volatilité des prix, et de faible visibilité pour la collectivité : le passage obligé à 2016 (et anticipé par la Ville) à une fourniture d’énergie sur marché libre est un deuxième facteur de perte de maîtrise des budgets « énergie » de la Ville : l’irruption massive de nombreuses collectivités pourrait potentiellement déstabiliser les prix de l’énergie.
Enfin, l’évolution des consommations d’énergie sur le patrimoine, du fait d’une augmentation des services rendus à la population, du vieillissement inéluctable des équipements, mais également de l’usage plus ou moins vertueux des bâtiments par les utilisateurs (services de la Ville, associations, grand public, etc.) est le troisième facteur déterminant d’augmentation des budgets énergie de la Ville.
On constate ainsi que la recherche d’une baisse des budgets « énergie » se heurte à trois contraintes fortes :
– une volatilité des prix de l’énergie, avec une très faible visibilité sur les tendances à l’augmentation ou à la baisse
– la nécessaire mobilisation de moyens financiers importants pour améliorer l’efficacité énergétique du patrimoine
– une sensibilisation obligée des usagers du patrimoine municipal quant au bon usage des équipements à maintenir dans le temps.
Une obligation de performance environnementale
La Ville est tenue en tant que collectivité de plus de 50 000 habitants, de mettre en œuvre un plan climat énergie territorial compatible avec les objectifs déclinés par le Schéma Régional Air Climat Energie, lui-même soumis aux objectifs réglementaires nationaux que la France s’est fixée. L’objectif de baisse des émissions de gaz à effet de serre est inscrit dans la loi de Planification et d’Orientation de la Politique Energétique de 2005 (dite loi « POPE »), à savoir une diminution de 75 % des émissions de gaz à effet de serre de la France à horizon 2050. La trajectoire fixée par l’Europe pour atteindre cet objectif est une baisse de 20 % des émissions de CO2 à horizon 2020, voire 30 % dans le cas d’un accord international. C’est cet objectif de 30 % en 2020 qui permettrait de placer l’Europe et la France sur un chemin compatible avec la division par 4 des émissions à horizon 2050. C’est, en tout état de cause, cet objectif dont il convient de travailler la faisabilité à l’échelle de la collectivité, si cette dernière veut se placer dans la trajectoire réglementaire d’une baisse de 75 % de ses émissions de CO2 à horizon 2050, en cohérence avec la loi et avec les objectifs initiaux affichés par le SRCAE.
Pour faire face aux enjeux d’évolution des prix de l’énergie et de limitation de notre impact environnemental, tout en intégrant les contraintes budgétaires de la collectivité, il est proposé de poursuivre la mise en œuvre d’une stratégie pragmatique. Elle doit combiner augmentation de la production d’énergies renouvelables, baisse des consommations d’énergie à travers la poursuite des investissements et la sensibilisation des agents et usagers, et actions globales de limitation de l’impact carbone de la collectivité.
Cette stratégie devrait viser, pour le patrimoine municipal et les émissions directes de la Ville (énergie),
– une utilisation de 30% d’énergies renouvelables
– une baisse de 30% des émissions de CO2 d’ici à 2020 par rapport à 1990
– une augmentation de l’efficacité énergétique de 30%, ce qui signifie consommer en 2020 30% d’énergie en moins que l’évolution tendancielle prévisionnelle
Pour les émissions indirectes de la Ville (déplacements générés par les équipements et commande publique notamment), ainsi que plus globalement à l’échelle du territoire communal, l’objectif poursuivi sera une contribution à l’objectif défini par le Plan Climat Energie Territorial de l’Agglomération de Lorient, soit :
– une utilisation de 20% d’énergies renouvelables
– une baisse de 20% des émissions de CO2 d’ici à 2020 par rapport à 1990
– une augmentation de l’efficacité énergétique de 20% : cela signifie consommer en 2020 20% d’énergie en moins que l’évolution tendancielle prévisionnelle
Une stratégie pragmatique « 3×30 » à conduire sur le patrimoine de la Ville de Lorient
La facilité d’utilisation des énergies fossiles (gaz, carburants, fioul) et de l’électricité dite « de réseau » rend les actions de maîtrise de l’énergie plus complexes à mettre en œuvre, du fait de l’illusion d’abondance qu’offrent ces énergies.
De plus, les prix de ces énergies sont liés à des politiques nationales et au contexte énergétique mondial. La Ville ne peut prévoir les évolutions à venir.
A l’inverse, les sources d’énergie locale (bois, solaire photovoltaïque, solaire thermique, etc.), bien plus limitées quantitativement, permettent une visibilité à moyen-long terme quant à l’évolution de leur prix, et, parce qu’elles sont rares, impliquent nécessairement la mise en œuvre d’actions de maîtrise de la consommation. Les prix de ces énergies locales sont aujourd’hui très compétitifs.
Pour une Ville comme Lorient, ces avantages permettent d’envisager une stratégie axée sur l’exploitation de ces ressources locales, couplée à un effort constant de maîtrise des consommations d’énergie.
Une augmentation de la production d’énergies renouvelables
Le bois énergie représente d’ores et déjà environ 30% de la consommation de chauffage des bâtiments municipaux, avec 5GWh de production annuelle. Il ne représente que 12,5 % du budget de fonctionnement énergie. Il est proposé de passer la production de chaleur à base de bois énergie à 6.5 GWh à horizon 2020 (soit une augmentation de 30% de la production de chaleur bois), à travers la mise en place de 5 à 6 nouvelles chaufferies bois. Il s’agit d’un développement raisonnable de la production de chaleur via le bois énergie, qui permettra de poursuivre le développement de cette énergie sans en augmenter d’une façon trop importante les contraintes de gestion. Le développement de la filière bois mise en place par la Ville de Lorient vers des partenaires extérieurs (agglomération, acteurs publics, voire privés) fera l’objet d’investigations.
Le deuxième enjeu est la production d’électricité photovoltaïque. En effet, les coûts des kWh produits par des panneaux solaires sont aujourd’hui, dans certaines conditions, équivalents ou inférieurs aux coûts de l’électricité de réseau. Le déploiement judicieux de panneaux solaires est un investissement qui peut sécuriser l’évolution des budgets énergie de la ville. En outre, l’impact pour les utilisateurs de savoir qu’une partie de l’énergie consommée par leur bâtiment est produite localement se traduit par une plus grande sensibilité aux économies d’énergie.
Le troisième enjeu est le développement d’une filière de panneaux solaires thermiques qui pourront venir augmenter l’efficacité énergétique des chaudières (gaz ou bois) déjà existantes. En effet, l’utilisation d’eau préchauffée permet des économies substantielles de combustible.
Le développement des énergies renouvelables doit obligatoirement aller de pair avec la mise en œuvre d’actions visant à limiter les consommations d’énergie, car les sources renouvelables ne disposent pas des mêmes potentiels que les ressources fossiles pour assurer des niveaux élevés de consommations énergétiques.
Une baisse des consommations d’énergie…
La baisse des consommations d’énergie peut être réalisée à travers deux types d’actions.
Actions de sobriété :
Il s’agit de l’ensemble des actions permettant de limiter les usages inutiles de l’énergie. Ces actions sont très efficaces, pour des coûts souvent extrêmement réduits. Le dimensionnement initial des équipements est très important : une chaudière trop puissante surconsommera toute sa vie, soit environ 30 ans ! La meilleure surveillance d’équipements techniques (centrales de traitement de l’air, etc.) permet d’éviter que ces derniers soient en service ou à pleine puissance sur des plages horaires pour lesquelles ce n’est pas nécessaire. De la même façon, la vigilance des personnels des divers services utilisant des bâtiments peut permettre des économies substantielles, en matière de consommations électriques notamment.
Actions d’efficacité énergétique :
L’entretien des installations et l’amélioration du patrimoine via notamment les budgets affectés à « l’enveloppe thermique » sont une autre source d’économies d’énergie. Ces actions nécessitent cependant souvent des investissements qui peuvent être conséquents, et les rentabilités des différentes actions doivent être bien appréhendées.
Les installations de production de chaleur de la Ville (chaudières, chaufferie) doivent faire l’objet d’un suivi régulier, ainsi que d’une interrogation sur leurs performances. Des économies d’énergie significatives peuvent être réalisées par des actions d’amélioration de ces installations.
Les consommations d’électricité du patrimoine municipal sont en augmentation constante : les usages de cette énergie se multiplient, malgré le refus de la Ville de recourir à l’utilisation de chauffage électrique, par exemple. L’efficacité énergétique des nombreux appareils électriques (baisse de la consommation des ordinateurs, des imprimantes, etc.) est un enjeu majeur du Plan Climat.
… avec une priorisation sur des critères environnementaux CO2
Les implantations de sources d’énergie renouvelable et baisses de consommation d’énergie doivent être réalisées en priorité sur les sites qui ont un fort impact environnemental : utilisation de fioul, bâtiments très peu performants, utilisation injustifiée de fortes quantités d’électricité. La diminution des consommations d’énergie et la production locale d’énergie renouvelable auront ainsi des bénéfices environnementaux maximums.
Les impacts environnementaux indirects de la collectivité, notamment via la commande publique et l’action de la Ville sur son territoire, doivent également être pris en compte. Les émissions de CO2 indirectes de la Ville sont ainsi, par exemple, de 12650tCO2/an, contre des émissions directes de 4200tCO2an.
Une visibilité à maintenir sur les prix de l’énergie (marchés publics)
Les prix de l’énergie sont entrés depuis les chocs pétroliers de la fin des années 1970 dans une période de variation importante. L’anticipation de ces prix est très difficile, voire impossible, tant ils dépendent de nombreux paramètres : disponibilité des ressources, sécurité d’approvisionnement (conflits dans les pays producteurs, sur les tracés des oléoducs, gazoducs et routes maritimes), nouvelles technologies d’extraction, nouveaux risques pesant sur les installations de production (réévaluation des risques suite à la catastrophe de Fukushima par exemple), cours des différentes monnaies (parité euro/dollar notamment), croissance économique mondiale, etc.
La Ville a un devoir de payer l’énergie au meilleur prix, sans pour autant prendre des paris inconsidérés sur l’évolution de tel ou tel paramètre. L’achat d’énergie par la Ville doit ainsi se faire sur des critères de transparence des prix et de sécurité d’approvisionnement.
La ville a également pour devoir de mettre à disposition de ses habitants une ville sobre en énergie, dans les possibilités offertes de déplacements, d’activités économiques et de logement.